Quand je n’écris pas, je m’adonne à une autre activité dont j’aurais pu vouloir faire mon métier s’il n’y avait pas eu l’écriture : la photographie.
Faire une photo a un incroyable effet tranquillisant, sur moi. Quand vous êtes de l’autre côté de l’appareil, l’œil dans le viseur, c’est un peu comme si vous regardiez le monde par un trou de serrure.
Vous prenez du recul. Vous décidez ce que vous regardez, vous rectifiez le cadrage, la mise au point, la lumière. C’est une alchimie subtile et volatile, qui prend du temps à être maîtrisée. Surtout en extérieur, l’art de la lumière, c’est fascinant.
Et puis, vous attendez.
Ce que j’aime avec la photographie, c’est que contrairement à l’écriture, c’est presque instantané. Il faut parfois quelques heures pour une bonne photo, mais le résultat en vaut souvent la chandelle.
L’attente fait partie de l’expérience, brève ou longue. Enfin, on attend pas vraiment : on regarde, plutôt. En photo, comme dans n’importe quelle discipline créative, on regarde d’abord. Et on fait après.
C’est un peu pareil en écriture : écrire, ça a toujours été regarder. L’écrivain est d’abord un observateur du monde, il écoute, repère, attrape des bribes de dialogues partout où il passe, mémorise les couleurs, les textures, les odeurs pour les retranscrire en noir et blanc.
Écrire, c’est regarder à l’intérieur comme à l’extérieur. C’est voir autrement qu’avec les yeux. Regarder les gens, les objets, les paysages, les souvenirs, les situations. C’est fouiller dans le passé chaotique, le futur ordonné. C’est prendre en photo un instant, une émotion, une scène, une époque…
Une bonne photo, c’est savoir où se placer, dit le photographe Ansel Adams. C’est un peu pareil en écriture. On choisit un angle, et toute l’histoire se tissera à partir de celui-ci.
Et vous, qu’aimez-vous faire lorsque vous n’écrivez pas ?