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NARRATION

Souvent, les autrices et auteurs se focalisent sur les personnages, l'univers ou l'intrigue pour attacher le lecteur à leur histoire. Après tout, si un élément leur plaît, ils continueront de lire, non ? Oui, mais pour sécuriser réellement l'intérêt du lecteur pour votre roman, il convient de connaître quelques outils narratifs et dramaturgiques...  Vous voulez écrire des romans inlâchables ? Commencez par utiliser ces techniques.

30 juin 2023

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La mise en abyme

 

Miser sur l'attachement à vos personnages ou l'originalité de votre univers est pertinent, mais comment garantir l'immersion de votre lectorat tout au long du récit de manière véritablement efficace ?

L'un des procédés les plus connus est la mise en abyme. Vous la connaissez sûrement : c'est ainsi que débutent la plupart des contes. Mettre en abyme, c'est raconter une histoire dans votre histoire, souvent par le biais d'un personnage qui parle. Son principal intérêt ? La curiosité. Vous racontez ainsi non plus une, mais (au moins) deux histoires différentes, l'une imbriquée dans la plus grande, sans qu'on sache leur lien.

 

Que va t-il arriver à tel personnage ? En quoi les deux histoires sont-elles liées et en quoi cela va t-il impacter la plus grande, celle du roman ? Et quels secrets va nous révéler ce conte sur l'univers, les personnages ? Qui est véritablement le personnage qui raconte, d'ailleurs ?

La mise en abyme accroche par contraste : vous veniez lire une histoire, et vous vous retrouvez dans une autre qui semble liée à la première. Par-dessus tout, vous voulez connaître le lien entre les deux, vous voulez comprendre. Car la seconde histoire est comme une énigme : elle permet de semer des indices sur l'intrigue générale du roman à travers différents niveaux de narration.

Elle permet également d'approfondir vos thèmes ou votre sujet de façon plus subtile.

L'ironie dramatique

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Procédé bien connu en dramaturgie, l'ironie dramatique est fondamentale dans une histoire. Elle est énormément utilisée au cinéma et dans les séries, et pour cause : elle est diablement efficace.

Elle consiste simplement à donner au lecteur une information que les personnages n'ont pas. Dès lors, c'est l'irrésistible anticipation :

Quand est-ce que le personnage va apprendre ce qu'il ignore ? Va t-il même l'appendre, ou non ? Si oui, comment et quelle sera sa réaction ?

Pas étonnant que ça marche aussi bien, puisqu'on le retrouve dans la vraie vie. Le cerveau humain adore les dramas. Le même procédé est à l’œuvre lorsque votre voisine un peu trop commère vous confie ce qu'on raconte sur Jean-Mi du troisième étage, ou dans la cour du collège où les on-dit sont légions.

Le lecteur ne sent inclus dans la confidence... Si dans mon histoire Germaine a trompé Jacques avec Michel, et que Jacques l'ignore, vous attendez de que Jacques apprenne que sa compagne le trompe, et de voir sa réaction. Surtout quand on sait que Jacques est très possessif, et que Michel est un ami à lui.

 

Dans les romans de fantasy, c'est très (trèèès) utilisé dès le début de l'histoire, avec le fameux prologue ou premier chapitre qui nous montre l'antagoniste en train de fomenter son plan et de faire marcher ses troupes sur les héros. Néanmoins, pour être vraiment efficace, l'ironie dramatique nécessite que le lecteur soit au courant des enjeux, et donc qu'il connaisse un peu l'histoire et les personnages concernés avant la révélation.

Dans Le Trône de Fer de George R. R. Martin (ou la série Game of Thrones) le lecteur est très souvent dans la confidence. Par exemple, on sait que la reine Cersei Lannister a installé du feu grégeois sous le Grand Septuaire où se rendent tranquillement les autres personnages, inconscients du danger... 

 

Si vous mettiez ceci dès le début de l'histoire, ça n'aurait pas d'intérêt. En revanche, on sait que le prince aime réellement sa femme (ce qui est assez rare dans cette histoire pour être souligné) et que Cersei déteste celle-ci. Comment va réagir le prince en voyant le Septuaire exploser ? Que va faire Cersei une fois ses ennemis défaits ? Est-ce que son plan va vraiment marcher, d'ailleurs, ou est-ce que quelqu'un va empêcher le désastre ? Et comme on aime bien le prince, on ne veut pas que sa femme meure. Et comme on déteste Cersei, on a pas envie qu'elle ait encore plus de pouvoir. Et comme c'est Le Trône de Fer, on sent bien que ça ne va pas bien se passer...

L'ironie dramatique suscite des émotions chez le lecteur, et donc  renforce son implication auprès des personnages. Elle donne plus d'intensité aux enjeux de l'histoire, notamment en montrant des informations capitales au lecteur, qui va anticiper les suites d'événements.

 

Vous lui montrez que le barrage qui surplombe le village ne tient pas bien, alors on imagine toutes les catastrophes qui peuvent arriver lorsque celui-ci lâchera. L'implication est d'autant plus forte si on apprécie les personnages qui vivent dans ce village, évidemment. La notion de danger (physique ou moral) est très prenante (je vous ai dit que le cerveau adore les dramas ?)

C'est là le point d'orgue de l'ironie dramatique : l'impression d'urgence qui est créée chez le lecteur, impatient de voir les suites de ce qu'il sait, mais que personne ne connaît. D'autant plus que le lecteur est totalement impuissant face à l'histoire, et pourtant on aimerait prévenir les habitants du village que le barrage va lâcher. Il veut que les personnages apprennent à leur tour ce que lui sait déjà, ou au contraire que jamais ils ne l'apprennent.

L'ironie dramatique s'effectue en 3 étapes :

installation, exploitation, résolution.

 

1) L'installation :  vous introduisez l'information auprès du lecteur.

2) L'exploitation : le sentiment d'urgence est créé et l'implication émotionnelle est renforcée par ce que le lecteur sait déjà des personnages et de l'intrigue (et il anticipe pendant un certain temps)

3) La résolution : l'information est découverte par les personnages concernés.

Vous pouvez aussi dynamiser la phase d'exploitation avec des événements qui viennent solliciter l'intérêt du lecteur :

Exemple 1 : des bûcherons du village en amont de la rivière se sont aperçus que le barrage était déséquilibré. Mais le chef du village des bûcherons refuse d'avertir le village sous le barrage, car il aurait tout à gagner à ce que celui-ci lâche.

Exemple 2 : les bûcherons désobéissent et vont prévenir le village en aval. Le chef fait évacuer tout le monde... mais deux des personnages, amoureux, sont partis pique-niquer à la rivière - justement près du barrage...

Lire aussi : LA base de TOUTES les histoires

Le narrateur non-fiable

 

Une dernière pour la route ? Peu usité, mais redoutable également : le narrateur non-fiable. C'est un narrateur biaisé (souvent un personnage, donc) qui ne dit peut-être pas toute la vérité sur les événements du récit.

Le lecteur va donc lui faire confiance et prendre tout ce qu'il dit pour argent comptant, jusqu'à ce que vous fassiez en sorte qu'il comprenne qu'il a été induit en erreur par le narrateur. Il  n'est plus sûr de ce qui est vrai ou faux, ne sait plus quel point de vue adopter sur une situation... Il va donc redoubler de vigilance et d'attention pour se faire son propre avis sur ce qu'il lit.

C'est redoutable par exemple dans un roman policier, où le narrateur peut se révéler être un témoin un peu plus impliqué que prévu dans l'affaire...

On se retrouve dans deux semaines pour un prochain article.

En attendant, bonne écriture !

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Trois techniques pour maintenir l'intérêt du lecteur
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