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ÉDITION

Lorsque nous vient une nouvelle idée d’histoire et que commence un projet d’écriture tout neuf, c’est souvent un moment d’ébullition perpétuelle. Je ne sais pas vous, mais moi, ça me fait souvent l’effet d’une petite épiphanie : je suis entièrement concentrée sur ma nouvelle idée, j’y pense nuit et jour sans m’en lasser, je réfléchis beaucoup et je prends plein de notes... Elle semble merveilleuse et on a qu'une envie, se mettre à écrire... mais avec le temps, j'ai appris à m'en méfier. Voici pourquoi.

21 juillet 2023

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L'amour est aveugle

 

C’est là pour l’écrivain tout le danger d’une idée neuve : on l’aime tellement que souvent, on en voit pas les défauts. Du moins, pas tout-de-suite.

 

Elle nous paraît géniale, et on a envie de la partager le plus vite possible. Alors, on se lance dans l’écriture à cœur ouvert, avec tout l’enthousiasme que nous procure cette histoire…

 

Sauf que, petit à petit, la volonté faiblit. L’enthousiasme de départ s’épuise. On a moins envie d’y retourner, parce que l’histoire ne sort pas sur le papier comme on voudrait, au final. Si vous avez déjà ressenti ça, sachez que vous n’êtes pas seule. Tout autrice ou auteur en est forcément passé par là. Normal, puisque c’est le tout début.

Trouvez votre pourquoi.

 

 

Il y a une quantité assez énorme de raisons qui peuvent nous pousser à abandonner un projet. Cependant, en voici quelques unes que je croise le plus souvent chez les autrices et auteurs qui me demandent conseil : manque de préparation (je ne sais pas où mettre ça), manque de clarté (je ne sais pas où je vais), l’envie de tout dire, et du coup d’en dire trop d’un coup…

Heureusement, comme tout, ça se travaille. Ça n’est pas parce que vous écrivez mal, ou que vous êtes une mauvaise autrice. Ça n’est pas non plus parce que vous avez de mauvaises idées ou que vous manquez d’imagination.

En revanche, et je parle d’expérience, si on patine dans la semoule, c’est souvent parce qu’on a mal prévu par où passer. Et non, je ne vous parle pas de planifier votre roman ni de le structurer… Mais plutôt de réfléchir à nouveau, profondément, sur votre intention de départ.

La direction de votre récit

 

Vous connaissez le proverbe « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement » ? C’est un adage de Nicolas Boileau, et je le trouve très à-propos. Des textes que j’ai étudié lors de mes formations aux romans que j’ai bêta-lu, la plupart des manuscrits manquent selon moi de direction.

Pourtant, c'est une composante extrêmement importante d’une histoire. La direction va déterminer à la fois son originalité, la façon dont vous allez l’exploiter, elle va guider vos choix scénaristiques et façonner vos personnages. Et ça n’est pas qu’un élément de base, mais bien un pilier fondamental, dont vous devez réaffirmer la solidité avant, pendant ET après l’écriture de votre manuscrit.

La direction de votre histoire, vous pouvez la trouver en vous posant la question :

Qu’est-ce que je veux vraiment écrire ?

Mais il faut se poser la question sous deux nuances différentes… Dans la direction d’une histoire, je regroupe deux choses essentielles à avoir en tête chaque fois que vous pensez à votre roman : le sujet et le thème de votre histoire.

Parce que dans une histoire, il y a en réalité plusieurs histoires. Si, si. Vous allez voir.

Localisez votre sujet

 

C’est ce que vous voulez écrire, de manière à la fois générale et précise. Mais écrire vraiment, concrètement. C’est quand vous vous dites : J’ai envie d’écrire une histoire de…

 

C’est ce qu’on trouvera dans votre histoire, l’idée principale. De quoi et de qui parle t-elle ? Souvent, la réponse se trouve dans votre idée de base, au tout départ : une histoire de cow-boys, une histoire de pirates, une histoire avec une école de magie.

 

C’est à la fois général, parce que vous partez d’une idée globale, et précis, parce que vous avez forcément une idée plus personnelle de ce que vous voulez écrire. Des cowboys, oui, mais des cowboys du futur. Des pirates, oui, mais des pirates profondément réalistes tout-droit venus du 18e siècle. Une école de magie, oui, mais très différente de Poudlard.

 

C’est le prisme à travers lequel vous allez faire passer votre thème. Les deux sont évidemment liés, et souvent le sujet et le thème viennent en même temps. Mais pas toujours ! Parfois, c’est le thème qui vient d’abord.

 

Précisez votre thème

 

C’est ce sur quoi vous voulez écrire. C’est l’angle de votre histoire, de quoi vous avez vraiment envie de parler. C’est le « message » de votre roman, l’idée derrière le récit. J’ai envie d’écrire une histoire sur…

 

La mort. Le passé. Le respect de la nature. La beauté. Le narcissisme. La fraternité. La liberté à une certaine époque. Le féminisme.

 

C’est souvent le thème qui va faire toute la différence entre deux histoires, parce que deux sujets identiques peuvent être traités tout-à-fait différemment. Ce qui fait un récit abouti et compris de ses lectrices, c’est en grande partie, selon moi, votre intention en tant qu’autrice et auteur.

Mon école de magie (sujet) regroupe des enfants orphelins. Les thèmes qui en découlent peuvent être : l’orphelinat, le rapport parent-enfant, adulte-enfant. Mes cowboys futuristes (sujet) ont tous un problème avec leur passé (thème).

Lors de l’écriture de mon roman Le Sang des pirates, je disais au début que j’écrivais « un roman historique sur les pirates du 18e siècle ». Voilà mon sujet. Mais ce que je dis maintenant, et que j’ai fait dans mon roman, c’est plutôt : « un roman historique sur les pirates du 18e siècle, qui déconstruit le mythe pour montrer les humains derrière la légende ».

 

En un mot, pourquoi on en est arrivé à croire que les pirates enterraient leurs trésors et qu’ils avaient des dents en or. Montrer l’envers du décor et faire un sort aux idées reçues. C’est tout-de-suite plus précis et complexe qu’un simple roman de pirates, et donc plus intéressant, non ?

En résumé

 

  • La direction, c’est à la fois le sujet et le thème de votre histoire.

  • Avant de vous lancer dans l'écriture, posez-vous cette question : Qu’est-ce que j’ai vraiment envie d’écrire ? Avec ces deux nuances : j’ai envie d’écrire une histoire sur… et j’ai envie d’écrire une histoire avec… J’ai envie d’écrire une histoire sur notre rapport au passé avec des cowboys futuristes.

  • Ou renversez le thème et le sujet : j’ai envie d’écrire une histoire de… sur… J’ai envie d’écrire une histoire de pirates au 18e siècle sur la lutte organisée contre la monarchie.

  • Vérifiez la solidité de votre intention pendant et après l’écriture du manuscrit : est-ce que c’est bien de cette façon que je voulais raconter cette histoire ? est-ce que cette façon de la raconter est la meilleure manière d’aller au bout du thème et du sujet ? est-ce que cette histoire, telle que je l’ai écrite, correspond toujours à mon intention de départ ?

Si votre direction a dévié pendant l’écriture, c’est normal. On découvre souvent ce qu’on veut vraiment écrire en écrivant la première version d’un manuscrit. D’où l’importance de la relecture, puis de la réécriture qui vont vous permettre d’affiner vos thèmes et votre sujet !

On se retrouve dans deux semaines pour un prochain article.

En attendant, bonne écriture !

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Ce qu'il manque à la plupart des manuscrits
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